Test sanguin prédit Alzeheimer

Bientôt un test sanguin disponible pour prédire la maladie d’Alzheimer ?

Sihem Boultif Journaliste santé

en collaboration avec Docteur Christophe de Jaeger (Longévité et gériatrie)

Bientôt un test sanguin disponible pour prédire la maladie d’Alzheimer ?

Des chercheurs américains de l’Université de Pittsburgh aux Etats-Unis, ont travaillé sur des échantillons de sang afin d’identifier les personnes à risque de développer une maladie d’Alzheimer. Les explications du Docteur Christophe de Jaeger, médecin physiologiste et membre du comité d’experts de Doctissimo.

Sommaire

  1. Des échantillons sanguins issus de 1000 participants
  2. Des biomarqueurs de la maladie retrouvés dans le sang

Nouvelle avancée contre Alzheimer. Dans une étude publiée il y a quelques jours dans la revue Nature, des experts américains expliquent qu’un test sanguin serait possible pour identifier les personnes susceptibles de déclencher la maladie.

Des échantillons sanguins issus de 1000 participants

Pour ce travail, les scientifiques américains ont analysé un millier d’échantillons de sang de personnes âgées, ne présentant pas de troubles cognitifs mais ayant pour certains, des plaques amyloïdes.

Résultats : seules les personnes âgées présentant à la fois une combinaison d’amyloïde et de marqueurs sanguins d’activité anormale provenant de leurs astrocytes évolueraient vers une maladie d’Alzheimer symptomatique à l’avenir.

Pour rappel, les astrocytes sont des cellules particulières en forme d’étoiles, présentes dans notre cerveau. Elles remplissent différentes fonctions pour les neurones, une fonction immunitaire notamment en les protégeant des agresseurs potentiels mais aussi un rôle de fournisseur de nutriments.

Des biomarqueurs de la maladie retrouvés dans le sang

Pour les experts américains, ces résultats montrent que les patients qui développent la maladie d’Alzheimer ont également des biomarqueurs dans leur sang qui indique que ces astrocytes sont activés. C’est, selon eux, ce qui explique pourquoi certains patients présentant des amas amyloïdes dans le cerveau ne développent jamais la maladie d’Alzheimer.

Le Dr Tharick Pascoal, professeur agrégé de psychiatrie et de neurologie à l’université et auteur principal de l’étude, a ainsi expliqué : « Cela place les astrocytes au centre en tant que régulateurs clés de la progression de la maladie, remettant en question l’idée que l’amyloïde suffit à déclencher la maladie d’Alzheimer« .

Pour lui, cette étude « soutient que le test de la présence d’amyloïde cérébrale ainsi que celui des biomarqueurs sanguins de la réactivité des astrocytes est le dépistage optimal pour identifier les patients les plus à risque de progresser vers la maladie d’Alzheimer« .

Le point de vue du Docteur Christophe de Jaeger, médecin physiologiste et membre du comité d’experts de Doctissimo

« Les astrocytes sont des cellules cérébrales polyvalentes, qui remplissent différentes fonctions dans notre cerveau. Ce que nous montre cette étude, c’est que, probablement, ces cellules ont une importance qui a été sous-estimée jusqu’alors, dans la maladie d’Alzheimer. Cette maladie a une physiopathologie complexe et l’astrocyte pourrait être un élément clé. Cela pourrait d’ailleurs expliquer pourquoi certaines personnes ne déclenchent pas la maladie malgré la présence de lésions cérébrales visibles. Pour conclure, il s’agit d’une piste intéressante qui démontre encore que la maladie d’Alzheimer est multifactorielle et qu’il est très complexe de savoir ce qui est déterminant ou pas dans son déclenchement« .

Sources

  • Bellaver, B., Povala, G., Ferreira, PCL et al. La réactivité des astrocytes influence les effets de l’amyloïde-β sur la pathologie tau dans la maladie d’Alzheimer préclinique. Nat Med (2023). https://doi.org/10.1038/s41591-023-02380-x
  • Article à lire sur Doctissimo

Le Docteur Christophe de Jaeger est médecin et son travail est centré sur la physiologie de la sénescence depuis plus de 30 ans.

Il a développé en particulier la notion d’âge physiologique (différent de l’âge chronologique et

de l’âge ressenti) et sa prise en charge afin d’optimiser le capital santé de chacun et de lui conserver le plus longtemps possible ses capacités physiologiques. En d’autres termes, rester en bonne santé le plus longtemps possible.

De formation initiale gérontologue, il a rapidement complété son cursus à la faculté des sciences en biologie de la sénescence. Il enseigne à la faculté de médecine de Paris et de Lille et également à la faculté des sciences dans le Master de biologie du vieillissement. Il a écrit ou coécrit de nombreux livres dont une dizaine grand public, ainsi que de nombreux articles scientifiques.

Son dernier ouvrage grand public  »Médecine de la Longévité : Une révolution ! » est publié en octobre 2023 chez Guy Trédaniel éditeur.