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Cette vérité poilue sur notre sens du toucher

Le toucher peut provoquer des réactions très différentes en fonction des personnes « touchées » et en fonction de la personne qui produit le contact.

Atlantic avec le Docteur Christophe de Jaeger

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Atlantico : Des chercheurs ont montré que les cellules des follicules pileux libèrent d’importants messagers chimiques en réponse à un léger contact avec la peau. Comment expliquer ce mécanisme ?

Christophe de Jaeger : Le travail de Claire Higgins, professeur de bioingéniering au Imperial College de Londres, éclaire les mécanismes d’action d’un sens qui peut paraître secondaire pour certains : le toucher. Le toucher peut en effet provoquer des réactions très différentes en fonction des personnes « touchées » et en fonction de la personne qui produit le contact. Ces sensations vont de l’excitation à la répulsion. Ce sont d’ailleurs des réactions qui peuvent être incontrôlables.

A la base de cette réaction, on trouve le follicule pileux dont les cellules vont être stimulées par le mouvement des cheveux ou des poils provoqués par le contact. Cette stimulation va provoquer une sécrétion de deux hormones importantes : l’histamine et la sérotonine. On sait par ailleurs que la sérotonine a une grande importance dans la régulation de l’humeur.

Comment cela agit concrètement sur notre corps et notre humeur ?

Christophe de Jaeger : La sérotonine en particulier est un neurotransmetteur important au niveau cérébral, car régulant l’humeur. Il existe une classe de médicaments que l’on appelle les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine (IRS) et qui sont des anti dépresseurs couramment prescrits en pratique quotidienne par les médecins. La stimulation des follicules pileux en stimulant le relargage de sérotonine dans le cerveau va favoriser une amélioration de l’humeur. À condition, bien sûr, que la stimulation cutanée soit interprétée comme un acte chaleureux et non pas comme une agression.

A partir de ce constat, le niveau de pilosité a-t-il une influence ?

Christophe de Jaeger : En fait, non. Ce n’est pas notre degré de pilosité qui définit notre sensibilité à l’autre. Ceci pour deux raisons : d’une part, peu de pilosité ne signifie pas absence de follicule pileux, mais simplement une atrophie des poils. Ils existent toujours, mais ils sont très fins et presque invisibles. D’autre part, il existe aussi au niveau de la peau des récepteurs sensitifs indépendants des follicules et qui peuvent être stimulés en dehors des follicules pileux. On peut donc ressentir toutes sortes de sensations agréables ou désagréables tout en étant à pilosité réduite, voire inexistante en apparence.

Article à retrouver sur Atlantico

Le Docteur Christophe de Jaeger est médecin et son travail est centré sur la physiologie de la sénescence depuis plus de 30 ans.

Il a développé en particulier la notion d’âge physiologique (différent de l’âge chronologique et

de l’âge ressenti) et sa prise en charge afin d’optimiser le capital santé de chacun et de lui conserver le plus longtemps possible ses capacités physiologiques. En d’autres termes, rester en bonne santé le plus longtemps possible.

De formation initiale gérontologue, il a rapidement complété son cursus à la faculté des sciences en biologie de la sénescence. Il enseigne à la faculté de médecine de Paris et de Lille et également à la faculté des sciences dans le Master de biologie du vieillissement. Il a écrit ou coécrit de nombreux livres dont une dizaine grand public, ainsi que de nombreux articles scientifiques.

Son dernier ouvrage grand public  »Médecine de la Longévité : Une révolution ! » est publié en octobre 2023 chez Guy Trédaniel éditeur.