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Ménopause : voilà pourquoi votre santé cardiovasculaire va baisser (et votre cholestérol augmenter)

Louise Ballongue avec le Docteur Christophe de Jaeger

Selon une étude finlandaise, les changements hormonaux durant la ménopause pourraient entraîner une augmentation du mauvais cholestérol. Une découverte qui pourrait contribuer à l’élaboration d’un traitement.

Sommaire

  1. Jusqu’à 11% d’augmentation du cholestérol
  2. Vers un nouveau traitement hormonal ?

Mauvaise nouvelle pour les femmes ménopausées : le mauvais cholestérol augmenterait pendant la ménopause et 11 % de cette augmentation serait due aux variations des hormones sexuelles. C’est du moins le résultat d’une étude publiée le 12 mai dans l’European Journal of Preventive Cardiology.

Jusqu’à 11% d’augmentation du cholestérol

Les scientifiques de l’université de Jyväskylä, en Finlande, ont révélé qu’au cours de la ménopause 10% de la hausse du mauvais cholestérol serait due à des changements hormonaux.

Pour arriver à ces résultats, les chercheurs ont observé 218 femmes finlandaises, dont 35 qui ont commencé un traitement hormonal substitutif (THS) au début de l’expérience.

L’âge moyen des volontaires était de 51,7 ans et le suivi médical, qui comprenait des mesures hormonales régulières, de 14 mois. Les niveaux de métabolites ont été quantifiés par une technique puissante – la spectroscopie de résonance magnétique nucléaire (spectroscopie RMN).

Durant ces tests, les chercheurs ont observé que la ménopause était associée à des changements dans les niveaux de 85 métabolites, avec jusqu’à 11 % d’augmentation du cholestérol LDL, également appelé mauvais cholestérol.

Ces changements, qui comprenaient également des augmentations des triglycérides, des acides gras et des acides aminés, semblaient se produire en même temps que les baisses d’œstrogènes et les augmentations de l’hormone folliculo-stimulante (hormone FSH). En clair, ces modifications expliquaient le changement de 64 des 85 métabolites, avec des variations allant de 2,1 % à 11,2 %. 

« Au cours de la ménopause, on observe une augmentation du cholestérol total, dont le mauvais. Celui-ci augmente fortement le risque de maladies cardiovasculaires, la principale cause de mortalité chez les femmes. L’étude semble aller dans ce sens, confirmant la dégradation des paramètres lipidiques chez les femmes ménopausées », assure le Docteur Christophe de Jaeger.

Vers un nouveau traitement hormonal ?

Pour le Dr Laakkonen, « cette étude établit un lien entre les changements hormonaux pendant la ménopause et les altérations métaboliques qui favorisent les maladies cardiaques ». Autrement dit : la ménopause prédispose les femmes aux maladies cardiaques.

Ces travaux permettent d’envisager, à terme, le développement de traitements pour éviter le mauvais cholestérol, comme un traitement hormonal substitutif ou THS. 

Nos résultats indiquent que l’instauration d’un THS au début de la ménopause, [ou] pendant la transition ménopausique, offre le meilleur effet cardioprotecteur« , a déclaré le co-auteur de l’étude, Eija K. Laakkonen, dans un communiqué de presse.

Néanmoins, les résultats doivent être interprétés avec prudence, car le nombre de participantes sous traitement était faible et le type de médicament utilisé n’était pas contrôlé. 

Les femmes qui envisagent de prendre un traitement hormonal substitutif doivent toujours en discuter avec leur médecin traitement car il existe diverses contre-indications : antécédents de cancer, accident vasculaire cérébral, etc.

« Le traitement hormonal de la ménopause reste polémique. On met souvent en avant pour le critiquer le fait qu’il pourrait induire des cancers hormono-dépendants chez les femmes, alors qu’une des plus grandes études longitudinales en cours (PubMed) montre qu’il n’y a pas d’augmentation du risque de cancer chez les femmes traitées si le traitement est biologiquement identique aux hormones ovariennes », rappelle le Docteur Christophe de Jaeger.

Le Docteur Christophe de Jaeger est médecin et son travail est centré sur la physiologie de la sénescence depuis plus de 30 ans.

Il a développé en particulier la notion d’âge physiologique (différent de l’âge chronologique et

de l’âge ressenti) et sa prise en charge afin d’optimiser le capital santé de chacun et de lui conserver le plus longtemps possible ses capacités physiologiques. En d’autres termes, rester en bonne santé le plus longtemps possible.

De formation initiale gérontologue, il a rapidement complété son cursus à la faculté des sciences en biologie de la sénescence. Il enseigne à la faculté de médecine de Paris et de Lille et également à la faculté des sciences dans le Master de biologie du vieillissement. Il a écrit ou coécrit de nombreux livres dont une dizaine grand public, ainsi que de nombreux articles scientifiques.

Son dernier ouvrage grand public  »Médecine de la Longévité : Une révolution ! » est publié en octobre 2023 chez Guy Trédaniel éditeur.

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