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Santé cardiaque : ce nouvel indicateur, que mesure votre montre connectée, pourrait vous sauver la vie

Santé cardiaque : ce nouvel indicateur, que mesure votre montre connectée, pourrait vous sauver la vie. Interview du Docteur Christophe de Jaeger par le site Atlantico

Atlantico : Une étude récente publiée par l’Université Northwestern Feinberg School of Medicine propose une nouvelle méthode pour améliorer le suivi de la santé cardiaque via les montres connectées. Que faut-il penser de cette nouvelle métrique ? Le DHRPS est-il vraiment plus précis que les éléments d’analyse dont nous disposons aujourd’hui ?

Christophe de Jaeger : Les montres connectées passionnent la communauté médicale qui est toujours à la recherche de paramètres utiles à une meilleure compréhension de notre quotidien. Lorsque vous passez un examen médical une fois par an, tous les trimestres ou même tous les mois, ce n’est qu’un instant de votre vie qui est enregistré. C’est évidemment très insuffisant pour avoir une appréciation exacte d’un être humain que cela soit pour une évaluation physiologique ou pour rechercher une maladie.

L’irruption du digital et en particulier des objets connectés, comme par exemple, les montres qui sont en contact avec certains paramètres de  notre organisme 24h sur 24, 7/7 et qui permet de les enregistrer permet une extraordinaire moisson d’informations.

Jusqu’à présent les consignes générales pour conserver ou entretenir sa santé étaient : « marcher 10000 pas par jour ». ce qui était un objectif simple à comprendre, mais difficile à apprécier au quotidien. Ce chiffre du nombre de pas permet d’évaluer notre effort physique au cours de la journée. Les montres connectées permettaient d’avoir ce chiffre facilement et de façon fiable. Mais cela n’était qu’un objectif parmi tant d’autres. Nos montres permettent également d’enregistrer d’autres paramètres comme par exemple la fréquence cardiaque. Or nous savons que fréquence cardiaque élevée est bien corrélée avec les maladies cardio vasculaires.

En combinant, effort (nombre de pas) et fréquence cardiaque observée, on obtient votre réponse cardiaque à l’effort. C’est une sorte « d’épreuve cardiaque à l’effort » qui permet d’avoir une idée de notre santé cardiaque. Et il s’agit d’une « épreuve d’effort cardiaque » permanente.

Cela va nous apporter un nombre incalculable d’informations sur la santé cardiaque des personnes qui l’utilisent. C’est mesure est bien plus précise que ce que nous avions jusqu’à présent et ce n’est qu’un exemple des combinaisons de paramètres qui vont fleurir dans les prochaines années.  

macbook and iphone on dark desk
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D’après l’Université Northwestern Feinberg School of Medicine, cette nouvelle métrique a révélé des risques accrus de diabète de type 2, notamment, mais aussi d’insuffisance cardiaque, d’hypertension artérielle et dathérosclérose coronarienne chez un certain nombre d’adultes américains. Qu’est-ce que l’utilisation de cette nouvelle métrique nous dit, au juste, de la santé des citoyens américains ? Faut-il penser que de telles découvertes pourraient concerner les Français également ?

L’intérêt majeur de cette nouvelle métrique est qu’elle est simple, reproductible, « embarqué » au sens d’être toujours potentiellement avec nous et permettre ainsi une analyse constante de nos fonctionnements physiologiques. C’est encore une fois le grand intérêt des objets connectés qui nous suivent au quotidien, heure par heure, et qui permettent de monitorer notre santé au long court et de façon de plus en plus précise.

Cette nouvelle métrique met l’accent sur les facteurs de risque cardiovasculaires chez des gens le plus souvent peu enclins à consulter un médecin ou de rentrée dans des protocoles de dépistage. Il est évident qu’une telle découverte concerne tous les êtres humains y compris les Français.

Quelles sont les limites de cette métrique dont il faudrait tenir compte ? Peut-on se contenter de remplacer certains de nos anciens outils ou s’agit-il d’un nouvel indicateur complémentaire ?

Ces nouvelles techniques ont pour principale limite l’exactitude des mesures. En effet leur intérêt repose sur la qualité des mesures, or il peut y avoir des problématiques de sensibilité des capteurs, de fiabilité de ces mêmes capteurs, mais également se pose toujours la question de la qualité du logiciel qui va interpréter les données. La fiabilité des mesures dépend également de la façon dont la montre est sur votre peau (trop serré, pas assez serré…). L’assurance qu’ils ont été soigneusement calibrés, que des médecins aient vérifié la qualité de l’algorithme ne me semble pas toujours très convaincant et ceci d’autant plus que la plupart du temps, les fabricants de matériel connecté sont très évasifs sur ces points.

Il ne s’agit donc nullement de remplacer nos outils médicaux dont la fiabilité est à toute épreuve, mais en revanche, on peut considérer ces nouveaux outils comme des indicateurs complémentaires porteurs de multiples informations pertinentes à condition encore une fois, que les informations apportées soient fiables, ce qui n’est toujours pas parfaitement le cas.

Le Docteur Christophe de Jaeger est médecin et son travail est centré sur la physiologie de la sénescence depuis plus de 30 ans.

Il a développé en particulier la notion d’âge physiologique (différent de l’âge chronologique et

de l’âge ressenti) et sa prise en charge afin d’optimiser le capital santé de chacun et de lui conserver le plus longtemps possible ses capacités physiologiques. En d’autres termes, rester en bonne santé le plus longtemps possible.

De formation initiale gérontologue, il a rapidement complété son cursus à la faculté des sciences en biologie de la sénescence. Il enseigne à la faculté de médecine de Paris et de Lille et également à la faculté des sciences dans le Master de biologie du vieillissement. Il a écrit ou coécrit de nombreux livres dont une dizaine grand public, ainsi que de nombreux articles scientifiques.

Son dernier ouvrage grand public  »Médecine de la Longévité : Une révolution ! » est publié en octobre 2023 chez Guy Trédaniel éditeur.