Par le Docteur Christophe de Jaeger
Mars 2020
La vitamine C est très souvent associée à la notion d’immunité. On l’évoque facilement en cas de fatigue persistante, de sensibilité aux infections (affections ORL fréquentes, récidives d’herpès, etc…). C’est un puissant antioxydant et un cofacteur pour une famille d’enzymes de biosynthèse et de régulation des gènes. Les actions de la vitamine C sont donc multiples et fondamentales. N’oublions pas qu’une carence majeure et prolongée en vitamine C expose au scorbut, maladie mortelle, fréquente chez les marins à une certaine époque.
La vitamine C est un micronutriment essentiel pour l’homme, car nous n’en synthétisons pas. Les apports se font donc exclusivement par apports externes. Elle a de multiples fonctions liées à sa capacité à donner des électrons. Mais c’est le rôle de la vitamine C en tant que soutien de la défense immunitaire et de diverses fonctions cellulaires du système immunitaire inné et adaptatif qui nous intéresse aujourd’hui.
La vitamine C soutient par exemple la fonction de barrière épithéliale contre les agents pathogènes et favorise l’activité de piégeage des oxydants de la peau, la protégeant ainsi contre le stress oxydatif environnemental (soleil, pollution). La vitamine C s’accumule dans les globules blancs, tels que les neutrophiles, et peut améliorer leur pouvoir de destruction microbien (augmentation de la chimiotaxie, de la phagocytose, de la génération d’espèces réactives de l’oxygène). Elle est également nécessaire pour la destruction cellulaire (apoptose) et l’élimination des globules blancs épuisés dans les sites d’infection par les macrophages, diminuant ainsi la nécrose et les dommages potentiels aux tissus.
Le rôle de la vitamine C dans les lymphocytes, vecteur de l’immunité humorale, est moins clair, mais il a été démontré qu’elle améliore la différenciation et la prolifération des cellules B et T, indispensables à notre défense humorale (anticorps circulants) probablement en raison de ses effets de régulation des gènes.
La carence en vitamine C entraîne une altération de l’immunité et une plus grande sensibilité aux infections, quelles qu’elles soient. Il est donc important d’avoir un taux de vitamine C plasmatique adapté pour ne pas risquer de fragiliser et de rendre vulnérable notre système immunitaire.
Mais a contrario, les infections ont un impact très significatif sur les niveaux de vitamine C en les diminuant de façon parfois considérable, en raison de l’inflammation et des besoins métaboliques accrus lors de l’infection. Une autre façon de réduire votre vitamine C plasmatique est la consommation de tabac. Mais on le sait déjà : santé et tabac n’ont jamais fait bon ménage.
Le rôle de la supplémentation en vitamine C reste cependant débattu. La supplémentation en vitamine C semble à la fois prévenir et traiter les infections respiratoires et systémiques, mais tout va dépendre de votre statut propre en vitamine C. Un statut insuffisant va probablement majorer votre risque d’infection et une prévention prophylactique de l’infection peut s’envisager. Elle nécessitera des apports alimentaires et/ ou par supplémentation en vitamine C qui fourniront des niveaux plasmatiques adéquats. Mais seuls des dosages et une surveillance biologique adaptée pourront en déterminer l’utilité. L’intérêt étant de prévenir et / ou de compenser l’augmentation des besoins de l’organisme en vitamine C en cas d’infection afin de permettre de satisfaire la réponse inflammatoire et la demande métabolique.
Auteur : Docteur Christophe de JAEGER
Version : 30 mars 2020
Le Docteur Christophe de Jaeger est médecin et son travail est centré sur la physiologie de la sénescence depuis plus de 30 ans.
Il a développé en particulier la notion d’âge physiologique (différent de l’âge chronologique et
de l’âge ressenti) et sa prise en charge afin d’optimiser le capital santé de chacun et de lui conserver le plus longtemps possible ses capacités physiologiques. En d’autres termes, rester en bonne santé le plus longtemps possible.
De formation initiale gérontologue, il a rapidement complété son cursus à la faculté des sciences en biologie de la sénescence. Il enseigne à la faculté de médecine de Paris et de Lille et également à la faculté des sciences dans le Master de biologie du vieillissement. Il a écrit ou coécrit de nombreux livres dont une dizaine grand public, ainsi que de nombreux articles scientifiques.
Son dernier ouvrage grand public »Médecine de la Longévité : Une révolution ! » est publié en octobre 2023 chez Guy Trédaniel éditeur.
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